La

fourgonnette s’arrêta. Les portières s’ouvrirent brusquement. La lumière du soleil se précipita à l’intérieur, radieuse, éblouissante. L’Homme-Rat et Burlson sautèrent à l’intérieur. On entendait un curieux bruit – un faible murmure, comme un bruissement. Ralph tendit l’oreille, inquiet. Mais Larry savait déjà ce que c’était.

En 1986, les Tattered Remnants avaient connu leur heure de gloire – ils avaient joué en première partie pour Van Halen au Chavez Ravine. Et le bruit, juste avant qu’ils ne commencent, était exactement comme ce bruit qu’il entendait maintenant. Quand il sortit de la fourgonnette, il savait donc à quoi s’attendre et son visage ne changea pas d’expression. Mais, à côté de lui, Ralph eut un hoquet de surprise.

Ils étaient sur la pelouse d’un énorme hôtel-casino dont l’entrée était flanquée de deux pyramides dorées. Sur la pelouse, deux camions. Et, sur la plate-forme de chaque camion, une cage faite de tuyaux d’acier.

Des gens tout autour.

Des gens en cercle sur la pelouse.

Debout sur le terrain de stationnement, sur les marches qui conduisaient à l’entrée de l’hôtel, sur l’allée de gravier où les clients avaient autrefois attendu que le portier siffle un groom. Jusque dans la rue. Certains des plus jeunes hommes avaient hissé leurs petites amies sur leurs épaules pour qu’elles puissent mieux profiter du spectacle. Et ce murmure grave était celui de l’animal-foule.

Larry regarda autour de lui et tous les yeux qui rencontraient les siens se détournaient. Tous ces visages semblaient pâles, lointains, marqués par la mort et le sachant déjà. Pourtant, ils étaient là.

On les poussa vers les cages. En chemin, Larry remarqua les voitures et les chaînes. Mais ce fut Ralph qui comprit à quoi elles serviraient. Ne s’était-il pas occupé de mécanique presque toute sa vie ?

– Larry, dit-il d’une voix blanche, ils vont nous écarteler !

– Allez, entre, dit l’Homme-Rat en lui soufflant en plein visage une haleine qui empestait l’ail. Monte là-dedans, salopette. Toi et ton petit copain, vous allez le sentir passer.

Larry grimpa sur la plate-forme du camion.

– Donne-moi ta chemise, salopette.

Larry ôta sa chemise et resta torse nu dans l’air frais du matin qui lui caressait doucement la peau. Ralph avait déjà enlevé la sienne. Un murmure courut dans la foule, puis s’éteignit. Ils étaient tous les deux si maigres après leur longue marche qu’on pouvait compter toutes leurs côtes.

– Entre dans cette cage, charogne.

Larry entra à reculons dans la cage.

Ce fut ensuite au tour de Barry Dorgan de donner des ordres. Il courait un peu partout pour s’assurer que tout était en ordre, une expression de dégoût sur le visage.

Les quatre chauffeurs montèrent dans les voitures et firent démarrer les moteurs. Ralph resta un instant immobile, puis il prit l’une des menottes soudées au bout d’une chaîne qui pendait dans sa cage et la lança par le trou. Elle toucha Paul Burlson à la tête et un rire nerveux agita la foule.

– T’aurais pas dû faire ça, mon vieux, dit Dorgan. Je vais devoir envoyer des types pour te tenir.

– Laisse-les faire leur bazar, dit Larry à Ralph. Hé ! Barry ! Est-ce qu’ils t’ont appris ça aussi quand tu étais flic à Santa Monica ?

Un autre rire frissonna dans la foule.

– Brutalité policière !

cria un audacieux.

Dorgan rougit, mais ne répondit pas. Il fit entrer une plus grande longueur de chaîne dans la cage de Larry qui cracha sur lui, un peu surpris d’avoir encore assez de salive pour le faire. Quelques cris d’encouragement s’élevèrent quelque part et Larry se dit : Ils… ils vont peut-être se soulever…

Mais, dans son cœur, il n’y croyait pas. Leurs visages étaient trop pâles, trop secrets. Ces cris de défi, poussés de loin, ne signifiaient rien. Des enfants qui chahutent dans une salle de classe, rien d’autre. Il y avait du doute – il le sentait – et de la déception.

Mais Flagg imprégnait jusqu’à ces sentiments. Ces gens allaient s’enfuir furtivement en pleine nuit pour retrouver ce grand espace vide qu’était devenu le monde. Le Promeneur les laisserait faire, sachant qu’il n’avait qu’à garder autour de lui une poignée de fidèles, comme Dorgan et Burlson. On rassemblerait plus tard les fuyards, les furtifs de l’heure de minuit, peut-être pour leur faire payer le prix de leur foi imparfaite. Non, il n’y aurait pas de rébellion ouverte ici.

Dorgan, l’Homme-Rat et un troisième homme entrèrent dans sa cage. L’Homme-Rat ouvrit les menottes soudées aux chaînes.

– Tendez les mains, dit Dorgan.

– Ben oui, faire respecter l’ordre démocratique, c’est quand même quelque chose, hein, Barry ?

– Tendez les mains, nom de Dieu !

– Tu n’as pas l’air d’être très en forme, Dorgan. Comment va ton cœur ces temps-ci ?

– Pour la dernière fois, mettez les mains dans ces trous !

Larry s’exécuta. Les menottes se refermèrent sur ses poignets. Dorgan et les autres sortirent et la porte se referma. Larry regarda sur sa droite et vit Ralph, debout dans sa cage, tête baissée, les bras ballants. Lui aussi avait les menottes aux poignets.

– Vous savez que cela est mal ! cria Larry, et sa voix formée par des années de musique sortit de sa poitrine avec une force surprenante. Je n’espère pas que vous arrêterez ce spectacle, mais j’espère que vous vous en souviendrez ! Randall Flagg nous met à mort parce qu’il a peur de nous ! Il a peur de nous et de nos amis de l’est !

Un murmure commença à monter dans la foule.

– Souvenez-vous de notre mort ! Et souvenez-vous que la prochaine fois, ce sera peut-être votre tour de mourir ainsi, sans dignité, comme un animal en cage !

Ce murmure encore, faible d’abord, puis un peu plus fort, vibrant de colère maintenant… et le silence à nouveau.

– Larry ! cria Ralph.

Flagg descendait l’escalier du MGM Grand Hotel, accompagné de Lloyd Henreid. Il portait un jeans, une chemise à carreaux, son blouson avec les deux macarons sur les poches de devant, ses vieilles bottes de cow-boy. Et, dans le silence qui se fit soudain, on n’entendit plus que le bruit de ses talons qui descendaient l’allée de ciment… un son qui n’appartenait plus au temps.

L’homme noir arborait un grand sourire.

Larry le regardait du haut de sa cage. Flagg s’arrêta entre les deux cages et leva les yeux vers lui sans se départir de son sourire charmeur et inquiétant. C’était un homme parfaitement maître de lui, et Larry comprit tout à coup que ce moment était pour lui capital, l’apothéose de toute sa vie.

Flagg se retourna pour faire face à son peuple. Son regard courut sur la foule, mais aucune paire d’yeux n’accepta de soutenir son regard.

– Lloyd…

Très pâle, Lloyd, qui avait l’air égaré et malade remit à Flagg une feuille de papier roulée comme un parchemin.

L’homme noir la déroula et commença à lire. Sa voix était grave, sonore, agréable, une voix qui faisait le silence autour d’elle comme une vaguelette d’argent se propage sur les eaux noires d’un étang.

– Sachez que ceci est un acte authentique auquel moi, Randall Flagg, j’ai apposé mon nom et ma griffe le trentième jour du mois de septembre de l’année mille neuf cent quatre-vingt-dix, désormais appelée An un, année de l’épidémie.

– Tu ne t’appelles pas Flagg !

rugit Ralph, et ce fut un murmure de surprise dans la foule. Pourquoi ne leur dis-tu pas ton vrai nom ?

Flagg l’ignora.

– Sachez que ces hommes, Lawson Underwood et Ralph Brentner, sont des espions venus ici à Las Vegas dans l’intention de nous nuire et de susciter la sédition, qu’ils se sont introduits dans cet État par la ruse et à la faveur de la nuit…

– C’est quand même curieux, dit Larry, puisque nous sommes arrivés par la nationale 70, et en plein jour. Ils nous ont pris à midi sur l’autoroute. C’est ça la ruse ? C’est ça la nuit ?

cria-t-il à la foule.

Flagg le laissa faire patiemment, comme s’il trouvait que Larry et Ralph avaient le droit de se défendre… leur cause étant de toute façon jugée.

Il reprit sa lecture :

– Sachez que les cohortes de ces hommes sont responsables du sabotage des hélicoptères d’Indian Springs et donc de la mort de Carl Hough, de Bill Jamieson et de Cliff Benson. Ils sont coupables d’assassinat.

Le regard de Larry rencontra celui d’un homme qui était au premier rang des spectateurs. Larry l’ignorait, mais il s’agissait de Stan Bailey chef des Opérations à Indian Springs. Larry vit l’ahurissement descendre comme un voile sur le visage de cet homme, et sa bouche articuler quelque chose, quelque chose comme poubelle.

– Sachez que les cohortes de ces hommes ont envoyé d’autres espions parmi nous et qu’ils ont été tués. Il a été décidé que ces hommes subiront le châtiment qu’ils méritent, à savoir, qu’ils seront écartelés. Il est de votre devoir à chacun d’entre vous d’assister à ce châtiment, afin que vous puissiez vous en souvenir et dire aux autres que vous en avez été les témoins, ici, aujourd’hui.

Flagg afficha un sourire qu’il voulait compréhensif cette fois, mais qui rayonnait autant de chaleur et d’humanité qu’un rictus de requin :

– Les personnes accompagnées de jeunes enfants sont dispensées.

Il se tourna alors vers les voitures dont les moteurs tournaient toujours au ralenti, envoyant de petites bouffées de fumée dans l’air du matin. Au même moment, un bruit confus monta de la foule. Et tout à coup un homme en sortit, grand et fort, le visage presque aussi blanc que sa toque de cuisinier. L’homme noir avait remis le parchemin à Lloyd dont les mains se mirent à trembler convulsivement lorsque Whitney Hogan s’avança. On entendit clairement le parchemin se déchirer en deux.

Hé, vous tous ! cria Whitney.

Un murmure s’éleva. Whitney tremblait de tous ses membres, comme s’il avait la danse de Saint-Guy. Son menton agité de mouvements saccadés semblait vouloir désigner l’homme noir. Flagg regardait Whitney avec un sourire féroce. Lloyd s’avança vers le cuisinier, mais Flagg lui fit signe de s’arrêter.

C’est pas juste ! hurlait Whitney. Vous savez que c’est pas juste !

Un silence de mort s’était emparé de la foule.

La pomme d’Adam de Whitney montait et descendait comme un petit singe de bois sur son bâton.

– C’est nous qu’on était l’Amérique !

hurla enfin Whitney. Et c’est pas comme ça qu’on fait en Amérique. J’étais un pas grand-chose, je peux bien le dire, juste un cuistot, mais je sais que c’est pas comme ça qu’on fait en Amérique, on reste pas là à écouter un assassin complètement dingo dans ses bottes de cow-boy…

Un murmure horrifié monta de la foule. Larry et Ralph échangèrent un regard perplexe.

– C’est ça qu’il est ! reprit Whitney, et la sueur coulait sur son visage comme des larmes. Vous voulez regarder ces deux gars se faire déchirer devant vous, hein ? Vous croyez que c’est une façon de commencer une nouvelle vie ? Vous croyez qu’une chose comme ça c’est juste ? Moi, je vous dis que vous allez en rêver tout le reste de votre vie !

Murmure approbateur dans la foule.

– Il faut arrêter, continua Whitney. Vous êtes d’accord ? Il faut prendre le temps de penser à… à…

– Whitney.

Cette voix, douce comme de la soie, à peine plus forte qu’un murmure, mais suffisante pour faire taire la voix hésitante du cuisinier qui se tourna vers Flagg, remuant les lèvres sans qu’aucun bruit en sorte, les yeux fixes comme ceux d’un maquereau. Cette fois, la sueur coulait en torrents sur sa figure.

– Whitney, tu aurais dû te tenir tranquille – la voix était douce, mais elle portait facilement le message à toutes les oreilles –, je t’aurais laissé partir… pourquoi aurais-je voulu te garder ?

Les lèvres de Whitney remuèrent, mais aucun son ne voulait plus en sortir.

– Viens ici, Whitney.

– Non, murmura Whitney.

Mais personne n’entendit son refus, sauf Lloyd, Ralph, Larry et peut-être Barry Dorgan. Les pieds de Whitney bougèrent comme s’ils n’avaient pas entendu sa bouche. Ses mocassins à semelles de crêpe écrasèrent le gazon et il s’avança vers l’homme noir comme un fantôme.

La foule n’était plus qu’une immense bouche bée, qu’un immense œil écarquillé.

– Je connaissais tes projets, dit l’homme noir. Je savais ce que tu voulais faire avant que tu en sois conscient. Et je t’aurais laissé t’en aller en rampant jusqu’à ce que je sois prêt à te reprendre. Peut-être dans un an, peut-être dans dix. Mais tout cela est du passé maintenant, Whitney. Crois-moi.

Whitney retrouva sa voix une dernière fois et les mots se précipitèrent en un hurlement étranglé : – Vous n’êtes pas un homme ! Vous êtes un… un… un démon !

Flagg tendit l’index de sa main gauche qui toucha presque le menton de Whitney Hogan.

– Oui, c’est vrai, répondit-il si bas que personne ne l’entendit, sauf Lloyd et Larry Underwood. C’est vrai.

Une boule bleue pas plus grosse que la balle de ping-pong que Leo ne se fatiguait pas de faire rebondir jaillit de l’extrémité du doigt de Flagg avec un léger craquement et une vague odeur d’ozone.

Un vent de soupirs passa dans la foule, un vent d’automne.

Whitney hurla – mais il ne bougea pas d’un pouce. La boule de feu toucha son menton et une odeur écœurante de chair brûlée monta en l’air. Puis la boule effleura sa bouche, soudant ses deux lèvres l’une à l’autre, emprisonnant leurs cris derrière les yeux exorbités de Whitney. Elle traversa une joue, y creusant une longue tranchée carbonisée qui se cautérisa instantanément.

Elle lui ferma les yeux.

Elle s’arrêta au-dessus de son front et Larry entendit Ralph parler, répéter sans cesse la même chose, et Larry ajouta sa voix à celle de son compagnon, faisant de ces mots leur litanie : – Je ne crains aucun mal… je ne crains aucun mal… je ne crains…

La boule de feu remonta sur le front de Whitney et on sentit alors une odeur de cheveux brûlés. Elle redescendit vers sa nuque, laissant derrière elle une ridicule bande chauve. Whitney vacilla un instant sur ses jambes, puis tomba en avant, enfin.

La foule poussa un long Aaaaaaah sibilant, le bruit qu’on faisait le jour de la fête nationale quand le feu d’artifice était particulièrement réussi. La boule de feu était maintenant suspendue en l’air.

Plus grosse trop éblouissante pour qu’on la regarde sans plisser les yeux. L’homme noir tendit le doigt vers elle et elle se déplaça lentement vers la foule. Ceux qui se trouvaient au premier rang – une certaine Jenny Engstrom au visage couleur de petit-lait était parmi eux – reculèrent.

D’une voix de tonnerre, Flagg les mit au défi.

Y en a-t-il un autre qui conteste ma sentence ? S’il y en a un, qu’il parle !

Un profond silence accueillit ses paroles.

Flagg parut satisfait.

– Alors, que…

Tout à coup, les têtes se tournèrent. Un murmure de surprise courut dans la foule, puis une rumeur de voix. Flagg semblait être totalement pris au dépourvu. La boule de feu voletait, indécise.

Un bourdonnement de moteur électrique arriva aux oreilles de Larry. Et une fois encore, il entendit ce nom bizarre qui passait de bouche en bouche jamais tout à fait clair : Poub… Elle…

Lap… Poub…

Quelqu’un fendait la foule, comme pour relever le défi de l’homme noir.

le fléau
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